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Émergence, diffusion et résistances à l’innovation technique en Préhistoire
Proposition de communication à envoyer avant le 28 février 2026 à :
jbachelle001@gmail.com ; malohesry@yahoo.fr ; nicolas.naudinot@mnhn.fr ; raphael.suso@hotmail.fr
L'innovation technique désigne ici le processus conduisant de la conception d'une idée nouvelle (l'invention) à son adoption à plus large échelle. Le passage de l’invention à l’innovation réside dans son acceptation à l’échelle collective et figure une situation complexe dont il reste difficile de rendre compte (Gille, 1978 ; Van der Leeuw et Torrence dir., 1989 ; De Beaune, 2012 ; Roux, 2016). Toutes les inventions ne génèrent pas nécessairement des innovations et c’est seulement une fois que ces innovations sont suffisamment répandues qu’elles deviennent identifiables par le préhistorien (Simondon, 2005 ; De Beaune, 2012). Si le moment et le lieu d’apparition de l'invention restent généralement inaccessibles en raison de problèmes de résolution — auxquels s’ajoute la possibilité de foyers d’invention multiples, synchrones ou non —, il reste néanmoins possible de s’interroger sur les moteurs et mécanismes d’émergence, d’acceptation et de diffusion de ces nouveaux procédés, ainsi que sur les causes de leurs abandons
Pour plusieurs historiens des techniques et anthropologues, l’innovation procèderait moins d’une découverte accidentelle que d’un processus cumulatif, fondé sur la combinaison et la réutilisation d'éléments et de savoir-faire préexistants (Gallay, 1986 ; Gille, 1978 ; Creswell, 1996 ; Roux, 2013 ; De Beaune, 2008). Son adoption dépend non seulement de sa valeur technique, mais aussi de facteurs sociaux, culturels et contextuels (Dobres & Hoffman, 1994 ; Roux, 2016). Le rôle du milieu est également déterminant dans l’émergence des techniques. B. Gille insiste sur l’importance du milieu technique (l’ensemble des conditions sociales, économiques et culturelles favorables à la diffusion des innovations), tandis que Leroi-Gourhan met l’accent sur la relation entre milieu intérieur (capacités biologiques et cognitives de l’homme) et milieu extérieur (environnement matériel et naturel) dans l’adoption de ces techniques.
L’étude des innovations techniques doit également tenir compte des cas d’adoption limitée ou éphémère. Certaines inventions, même fonctionnelles, ne se diffusent pas ou disparaissent rapidement, révélant des freins sociaux, culturels ou environnementaux à leur adoption (e.g. Roux 2007). La répartition restreinte ou ponctuelle de ces innovations dans l’espace permet d’identifier des zones de résistance, des limites aux réseaux d’échanges et des différences dans les stratégies de gestion des ressources ou de l’espace habité.
L'étude de l'innovation et de ses mécanismes et moteurs d'émergence peut livrer des informations sur l'organisation des groupes préhistoriques et leurs systèmes de mobilité. La diffusion d’une innovation peut résulter d'un transfert ou emprunt technique correspondant à la transmission d'un savoir-faire ou d'une méthode entre individus ou groupes, renseignant sur les réseaux de contacts et d'échange. Mais il convient aussi de considérer les cas où des techniques similaires apparaissent indépendamment, par convergence, ce qui interroge alors les facteurs internes ou externes propres à chaque groupe ayant favorisé ces développements parallèles.
Cette session a pour but de questionner les moteurs et mécanismes d'émergence et de diffusion de l'innovation technique en Préhistoire. Dans ce cadre elle vise également à discuter des informations qu'elles nous livrent sur l'organisation des groupes et leurs systèmes de mobilité (circulation des biens et des idées, structuration de l'espace, réseaux d'interaction) ainsi que sur la transmission des savoir-faire.
Organisateurs/trices :
Julie Bachellerie, UNIARQ - Centro de Arqueologia da Universidade de Lisboa - Lisbonne et TRACES - UMR 5608 CNRS – University Toulouse Jean Jaurès – Toulouse
Malo Hesry, TRACES, UMR 5608 CNRS – University Toulouse Jean Jaurès – Toulouse
Nicolas Naudinot, HNHP -UMR 7194 – ComE- Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN)
Raphaël Suso
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